LE DIDJERIDOU DES ABORIGENES AUSTRALIENS
Le didjéridou est un instrument de musique primitif utilisé par les aborigènes des régions du nord de l'Australie.

Cet instrument à vent est une pièce de bois assez droite, creuse et légèrement conique, mesurant entre 1 et 2,5 mètres ou plus. Ce petit tronc, ou cette branche d'arbre, le plus souvent en bois d'eucalyptus, est creusée par les termites qui abondent par millions sur l'île continent.
Coupé à la longueur requise et son écorce enlevée, il est nettoyé des termites. Généralement, l'instrument est ensuite peint de couleurs ocres et décoré de dessins et de motifs représentant de la nourriture et des symboles du totem de la tribu. Parfois, un cercle de cire d'abeilles est appliqué sur le contour de l'embouchure pour améliorer le contact avec la bouche du musicien.

La technique utilisée pour jouer du didjéridou est unique en comparaison de celle des autres instruments à vent. Il faut souffler dans le tube, les lèvres desserrées, pour créer un bourdonnement. Une des particularités du didjéridou est que le souffle doit être continu. C'est la raison pour laquelle on emploie la technique de la respiration circulaire. Cette respiration demande au début un effort de concentration puis, avec la pratique, elle devient un automatisme. La bouche est utilisée comme un sac d'air. On peut la comparer à un sac de cornemuse. On exerce une pression avec les joues et la langue pendant que l'on aspire par le nez de petites quantités d'air. On peut faire des inspirations à
n'importe quel moment pour le remplissage des poumons, tout en continuant à faire bourdonner l'instrument. Cette respiration circulaire ouvre la porte à de nombreuses autres techniques similaires telle celle utilisée par les ventriloques qui parlent sans remuer les lèvres.

Des sons variés, en particulier des sons d'animaux, peuvent être reproduits avec un didjéridou. Il est possible de jouer de l'instrument en position assise, debout ou même en marchant. Un bon didjéridou doit avoir les parois fines pour être à la fois léger et résonnant. On utilise parfois un seau ou un autre récipient pour intensifier la résonance. Cet instrument est aussi souvent joué en conjonction avec le claquement de bâtons de bois ou celui de boomerangs frappés l'un contre l'autre. Le musicien peut également marquer le rythme sur le côté du didjéridou en vibration, à l'aide de ses doigts ou d'un objet quelconque.

On recense plus de 30 noms différents pour cet instrument de musique, et tout autant de légendes sur la découverte et l'utilisation de ce bout de bois par les tribus aborigènes durant le " temps du rêve ". Le " temps du rêve " ou " dreamtime " est un concept fondamental de la religion aborigène. Il s'agit d'un temps cosmique, sans commencement ni fin, à l'intérieur duquel le passé, le présent et le futur coexistent. Dans le grand mythe originel du " dreamtime ", l'homme et tout ce qui compose l'univers visible et invisible, matériel et immatériel, s'articulent dans un système de croyance qui s'exprime par le chant, la danse, la musique et la littérature orale. Au cœur de ce système, on trouve le totémisme. Cette croyance est basée sur une relation de parenté entre les êtres humains et tout ce qui participe à la création. Ce lien de parenté entre les êtres vivants (animaux et végétaux), les choses et les éléments naturels (pierres, montagnes, mers, sources...) est investi d'une grande valeur spirituelle. Les individus, seuls ou en groupe, deviennent alors responsables du bien-être et de la pérennité de la nature dans sa globalité. Les représentations animales sur les totems et dans toutes les formes d'art aborigène témoignent du respect que peut porter un être humain à ses cousins animaux, même s'il s'en nourrit.

Contrairement à ses techniques primitives mais parfaitement adaptées aux besoins de chacun, l'organisation sociale aborigène était celle d'une société hautement évoluée qui assurait à ses membres une grande sécurité économique, sociale et psychologique. L'ordre et la loi étaient maintenus non par l'existence d'un chef véritable, mais par tout un réseau de réciprocités économiques et morales fondé sur ce système de parenté complexe, débordant largement celle de la simple parenté consanguine.
Venus, probablement, de l'actuelle Inde du sud et de la Mélanésie, les aborigènes sont installés sur le sol australien depuis environ 60 000 ans. Cette émigration très ancienne permet de mieux comprendre les similitudes que l'on peut trouver entre la technique de la respiration circulaire utilisée dans l'usage du didjéridou et les techniques de respiration des yogis de l'Inde. En effet, ces respirations font appel à un contrôle conscient du souffle.
Dans les deux cas, l'expiration doit être plus longue que l'inspiration et la respiration organisée de façon rythmique et continue. Cela exige des muscles tonicité et souplesse, alliées à une très forte concentration mentale.

On peut trouver un autre point commun entre le yoga et la pratique du didjéridou : en effet, la vibration produite par l'instrument s'apparente au son " AUM " ou " OM ", créateur de toute chose. Ce son est obtenu par la vibration de la gorge des yogis lorsqu'ils exécutent les exercices respiratoires " prânayama ". En Inde, le souffle de vie se dit " prâna ". Le " prânayama " est donc l'étude et le contrôle du prâna dans le corps, grâce à la maîtrise du souffle.

L'un des objectifs de la respiration yogique est d'augmenter la conscience de soi, du corps aussi bien que de l'esprit, pour atteindre le plein épanouissement de sa liberté individuelle. Elle calme le système nerveux et aère totalement l'organisme pulmonaire. Grâce à la décontraction, la respiration et les mouvements contrôlés, le yoga apporte un calme relatif pour apaiser les vagues du mental et apprécier le simple bonheur d'exister. Avec la maîtrise du souffle, il est donc possible d'établir une parfaite harmonie entre le corps mental et le corps physique. Comme le yoga, la pratique du didjéridou est une technique à la portée de tous qui permet de parvenir à ce simple état de bonheur.

Pour apprendre à jouer du didjéridou et acquérir la respiration circulaire, renseignez-vous auprès de l'association AIX-ELAN au 04.42.29.75.40.